Comme par magie, des objets aux géométries complexes ou des lettrages d’apparence manuscrite prennent forme sur le plateau de l’imprimante à chocolat de la Haute école spécialisée de Suisse orientale. Le chocolat du futur nous viendra-t-il d’une imprimante 3D ?
Image: SATW
Lieu: Institut de recherche en génie des matériaux et en plasturgie (IWK) de la OST – Haute école spécialisée de Suisse orientale à Rapperswil-Jona. Un flux régulier de chocolat noir de qualité sort d’une tête d’impression faisant se révéler des formes complexes en trois dimensions et des lettrages ondoyants se révèlent. Ce qui perça comme une simple idée lors d’une réunion de stratégie à l’Institut déboucha une année plus tard seulement sur la réalisation du Chocoformer I, le prototype de l’imprimante actuelle, lourde de 80 kilogrammes. «L’impression 3D – les spécialistes parlent de fabrication additive – ouvrira la porte aux innovations pour un produit suisse de tradition bien établi», déclare Daniel Schwendemann, directeur adjoint de l’Institut.
Lieu fictif du futur – un magasin de souvenirs à Zermatt. Des touristes font la queue pour faire appliquer quelques mots «de leur propre main» sur le chocolat qu’il·elle·s viennent d’acheter ou pour orner le Cervin d’un décor. Une possibilité qui leur est offerte grâce au Chocoformer et à une application développée par des étudiant·e·s de la Haute école spécialisée de Suisse orientale et permettant de créer un dessin. Il suffit aux client·e·s de tracer une inscription ou un croquis de leur main pour qu’ils puissent assister en direct à son impression sur leur souvenir de voyage. L’originalité de ce procédé réside dans la faculté à imprimer toutes sortes de chocolats de qualité et, contrairement à d’autres dispositifs, pas uniquement des matières grasses additionnées de cacao. Une particularité qui amène également son lot de défis techniques: pour être imprimée, cette matière première particulièrement sensible à la température doit être maintenue à l’état liquide dans la tête d’impression tandis qu’au niveau du plateau de dépose, la température doit être suffisamment basse pour éviter que le chocolat perde la forme désirée avant de se solidifier. Une difficulté en partie contournée grâce à la possibilité de régler la température de la chambre d’impression et l’écart entre la tête d’impression et le plateau, en fonction de la taille de l’objet et du type de chocolat.
Lieu: salon des métiers à Zurich Oerlikon. Sous le regard des visiteurs fascinés, des objets en chocolat variés prennent forme: bouteille, vase, fève de cacao surdimensionnée ou cube magique infini. L’imprimante 3D réussit là où les moules échouent. Ce qui pourrait faire penser à un gadget s’inscrit au contraire dans un contexte sérieux et correspond à la vision initiale du projet. L’imprimante à chocolat a vocation à montrer la versatilité de l’ingénierie mécanique et à mettre en lumière le nombre de disciplines et de métiers qui se cachent derrière le produit. Patrick Fässler, chef de projet, qui a lui-même travaillé dans une chocolaterie à l’adolescence, déclare non sans une certaine fierté: «Ce produit a la faculté d’enthousiasmer les jeunes à faire des études dans une filière technique.» À titre d’exemple, le Chocoformer a fabriqué les coupes décernées dans le cadre des formations MINT lors des SwissSkills 2022.
L’industrie du chocolat est à la recherche de niches attrayantes et d’angles de différenciation. Et c’est bien là que pourrait intervenir l’imprimante à chocolat de la Haute école spécialisée de Suisse orientale, bien qu’initialement la commercialisation n’avait pas été envisagée. Les réactions de l’étranger, notamment en provenance de pays dépourvus d’une culture des métiers du chocolat, permettent de conclure à l’existence d’un marché. Une machine d’origine suisse qui façonne et ennoblit un produit emblématique de la Suisse avec une précision helvétique tout aussi caractéristique a toutes les chances de trouver sa place non seulement dans les magasins de souvenirs à travers le pays, mais aussi dans des boutiques triées sur le volet à Dubaï, Séoul, Sydney ou encore Tokyo.
Vous trouverez des informations complètes et plus détaillées sur le sujet dans l'article Impression 3D de denrées alimentaires.