Expert·e·s: Adriaan Spierings (Inspire)
Après plus de 30 ans de recherche et de développement, la fabrication additive (FA), aussi désignée par additive manufacturing (AM) ou impression 3D, s’est imposée dans des champs d’application industriels variés. De nombreuses technologies de fabrication additive sont désormais considérées comme des procédés de production à part entière dans l’industrie. À tel point qu’en termes d’applications, d’excellents business cases ont vu le jour et ont permis de faire bouger les lignes grâce à des solutions innovantes, voire de redéfinir l’état de l’art dans leurs secteurs respectifs.
Image: Gavin Allanwood, Unsplash
Entre autres exemples d’innovations, citons les solutions de thermorégulation de l’outillage pour un contrôle optimal de la température de production et l’élimination de points chauds; citons également la fabrication de vannes à débit optimisé dotées de capteurs intégrés ou encore l’utilisation dans la production de pièces complexes de génie mécanique telles que les composants de turbines. Sur le plan de la maturité technique, la fabrication additive se situe désormais à un niveau élevé et ne cesse de gagner en importance dans le domaine de la technologie médicale aussi, pour la réalisation d’implants et d’instruments spécifiques à des applications ou des patient·e·s. L’éventail des mises en œuvre est amené à s’élargir encore, car si jusqu’à présent les applications devaient impérativement tenir dans une boîte à chaussures, il arrive que leurs dimensions s’expriment désormais en mètres.
Il convient toutefois de ne pas perdre de vue un aspect essentiel. Bien que la popularité des procédés additifs augmente et qu’ils se frayent toujours plus souvent un passage vers les secteurs industriels, il n’en demeure pas moins que des développements importants sont encore nécessaires sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Ceux-ci portent notamment sur le développement de matériaux adaptés et sur l’optimisation des processus pour des applications spécifiques. À cela vient s’ajouter – telle une parenthèse englobant la chaîne de valeur tout entière – la nécessité urgente de mesures et d’instruments efficaces en matière d’assurance qualité.
Toutefois, l’importance de la fabrication additive pour l’industrie ne pourra s’intensifier qu’à la condition de continuer à développer les procédés actuels et de mettre de nouveaux procédés sur le marché. Parfaitement positionnée, la Suisse dispose des atouts pour jouer un rôle majeur dans ce domaine grâce à l’écosystème fourni dont elle dispose: les partenariats entre recherche, industrie et applications ont le potentiel pour faire reculer les limites des différents procédés. L’une des questions essentielles porte sur la baisse des coûts de production par unité, car en plus d’avoir une influence positive sur la productivité, elle est susceptible de donner une impulsion forte à l’automatisation des chaînes de processus. De plus, les nouveaux matériaux et systèmes de matériaux détiennent un fort potentiel d’innovation. Dans de nombreuses classes industrielles suisses, la finesse et la texture des surfaces jouent un rôle majeur. Or les processus additifs qui prennent ces aspects en compte sont encore peu aboutis. Là aussi, le mot d’ordre consiste donc à trouver des solutions innovantes afin de continuer à élargir les possibilités actuelles et donner à l’économie suisse de nouveaux leviers face à la concurrence internationale.