Production alimentaire durable

Expert·e·s: Erich Windhab (ETH Zürich)

La production alimentaire durable applique une approche systémique à l’ensemble de la chaîne de valeur en intégrant les aspects écologiques, économiques et sociaux. Il s’agit de parvenir tout d’abord localement puis globalement à un état d’équilibre dynamique. Il faut pour cela procéder à une analyse multidimensionnelle qui représente les différents critères de manière équilibrée tout au long de la chaîne de valeur.

[Translate to French:] Bild: Matt Benson, Unsplash

Définition

La chaîne de valeur alimentaire s’étend de la production primaire de matières premières agricoles à la transformation alimentaire, à l’emballage, au stockage, au transport, à la distribution, à la vente et enfin à la préparation de repas et à leur consommation.

Les applications d’aujourd’hui et de demain

Afin de tenir compte des aspects socio-économiques de la consommation d’aliments et de parvenir à une pertinence significative pour une analyse de durabilité globale, la chaîne de valeur devrait être complétée par les éléments de la digestion et de la santé. Car la mauvaise alimentation peut également impacter la durabilité: même si les aliments consommés sont produits suivant des critères de durabilité optimaux, une mauvaise alimentation engendre des maladies dont les répercussions et les traitements impactent négativement le bilan de durabilité. L’analyse axée sur l’aspect technologique ne tient pas compte de l’aspect de la santé, car celui-ci est traité dans l’article «Alimentation personnalisée». En 2020, l’Agenda 2030 de l’ONU avec ses 17 objectifs de développement durable (ODD) a été perturbé par la pandémie du Covid-19 et certains objectifs semblent par conséquent inatteignables. Un ajustement des ODD est en cours de discussion.

Le système et l’industrie alimentaires suisses ont largement intégré les ODD à leurs objectifs. Depuis la publication des ODD en 2015, des progrès visibles ont été réalisés en Suisse. Il reste à voir si les répercussions de la pandémie du Covid-19 entraîneront une révision à la baisse ou une réorientation de certains objectifs. La combinaison de l’ODD 3 («Bonne santé et bien-être») et de l’ODD 12 («Modes de consommation et de production durables») fait émerger de nouveaux axes de travail et modèles commerciaux, qui accordent aussi une importance plus grande à la prévention des maladies par l’alimentation. Ces compétences sont disponibles dans l’industrie suisse et devraient y être plus fortement activées.

Opportunités et enjeux

D’un point de vue technologique, il est possible d’aménager les chaînes de valeur alimentaires de manière écologiquement et économiquement plus durables au moyen d’une meilleure intégration, interaction et flexibilisation de ses composantes. Ceci nécessite des technologies transversales qui tiennent compte de la diversité particulière de ces chaînes de valeur et des conditions spécifiques. Il s’agit par exemple de la robotique, des procédés de fabrication additive, de la biotechnologie, de la numérisation et de l’intelligence artificielle, de l’automatisation des processus et de la technologie de capteur en temps réel. Ces technologies transversales doivent éventuellement être adaptées aux exigences particulières de l’industrie alimentaire en termes d’hygiène et de sécurité. L’utilisation de la blockchain et de cryptomonnaies permet d’assurer transparence et traçabilité tout en garantissant la souveraineté des données et le respect de la sphère privée. À l’avenir, la gestion sûre de grands volumes de données jouera un rôle décisif dans l’ensemble des chaînes de valeur. Au niveau politique global, il faudrait envisager un élargissement du Codex Alimentarius afin d’attribuer des standards à la qualité nutritive et écologique des aliments.

Actions de soutien

Les entreprises suisses disposent de compétences majeures dans les technologies transversales nommées et occupent même dans certains cas une position dominante à l’international. La quasi totalité des quelque 2200 entreprises du secteur alimentaire suisse abordent les aspects de la durabilité dans leurs objectifs. Avec environ 62’000 emplois et un chiffre d’affaires annuel d’environ CHF 25 milliards, elles représentent 5,3% du PIB suisse. Une action concertée est nécessaire pour atteindre les objectifs de durabilité du pays et élaborer des potentiels commerciaux.